L’entreprise doit négocier ” les modalités du plein exercice par le salarié de son droit à la déconnexion et la mise en place par l’entreprise de dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale.” A défaut d’accord, “l’employeur élabore une charte, après avis du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel. Cette charte définit ces modalités de l’exercice du droit à la déconnexion et prévoit en outre la mise en œuvre, à destination des salariés et du personnel d’encadrement et de direction, d’actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques. ” extrait de l’article 55 de la Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels (dite Loi El Khomri).
Dans un article posté le 6 septembre, j’ai donné des conseils sur “comment négocier cette nouvelle obligation ?” Regardons à présent les attentes des salariés, en s’appuyant sur une étude publiée le 24 octobre par Eléas et l’ANDRH:
“Une grande majorité des actifs voit le numérique comme une source de progrès dans l’entreprise (59%) et d’opportunités d’évolution professionnelle (38%).
L’utilisation quotidienne des outils numériques professionnels hors du temps de travail est fortement répandue (37% des actifs, 44% des cadres) et les actifs expriment une forte attente quant à la régulation de leur utilisation : seul 1 actif sur 5 (22%) considère que son entreprise intervient pour limiter l’utilisation des outils numériques hors du temps de travail. Ils sont 62% à considérer que des règles devraient être mises en place, avec une proportion plus forte chez les cadres (75%) et les jeunes (76%).
Les actifs expriment également des attentes importantes en matière d’accompagnement (64%) et de formation (63%) à l’utilisation des outils numériques et aux enjeux de la digitalisation des entreprises.”
L’utilisation des outils numériques est largement plébiscitée, mais si l’entreprise ne modifie pas aussi son organisation, cela peut conduire à des mauvais usages et un alourdissement de la charge de travail. C’est d’ailleurs absurde de voir que des moyens créés pour gagner du temps, mettre en relation et favoriser le collaboratif peuvent devenir s’ils sont mal mis en oeuvre une source de stress et de tensions relationnelles. Ce qui compte plus que les outils ou la technologie, ce sont les usages. Il est donc impératif de réfléchir sur la façon de travailler, les lieux où il est possible de travailler (ce qui comprend le télétravail) et les espaces de travail. Les DRH ont trop souvent abandonné les questions relatives aux aménagements des espaces, qui sont passées sous la responsabilité des directions financières (l’immobilier a un coût et dans la recherche d’économies c’est un poste intéressant à regarder) ou des services généraux. C’est dommage, puisque ces questions sont essentielles pour contribuer à une ambiance de travail, à développer le collaboratif, à créer des conditions favorables pour la créativité. C’est aussi une marque importante d’attention et considération, qui contribue à développer une culture de bienveillance.
En synthèse, ce qui est attendu ce n’est pas d’interdire, mais de créer les conditions favorables. Le droit à la déconnexion peut être l’occasion de réfléchir aussi sur l’utilisation des outils et les espaces de travail.