La Ministre du Travail s’est exprimée le 12 septembre en ouverture des entretiens organisés par l’Institut Montaigne en partenariat avec Entreprise et Personnel et le cabinet d’avocats August et Debouzy. Le thème retenu cette année était “comment concilier mobilité et sécurité”. Son intervention était directe, sans rentrer dans les détails des réformes, mais en montrant la voie choisie pour la transformation du marché du travail. Les ordonnances présentées le 31 août ne sont qu’une première étape, pour donner un cadre modernisé des relations du travail et du dialogue social. Les prochaines étapes seront la formation professionnelle, l’assurance chômage et les retraites. Tous ces sujets ont été abordés lors de la campagne Présidentielle et rien n’a été caché.
La Ministre a insisté sur l’importance d’agir rapidement. Il n’est pas acceptable d’avoir un chômage de masse depuis 30 ans. Nous avions une certaine avance sur la formation professionnelle, avec la loi Delors. Depuis nous nous sommes un peu endormis. Environ 50% des métiers seront transformés dans les 10 prochaines années. Il est essentiel d’investir dans le capital humain et de travailler sur les compétences. La meilleure sécurité pour avoir un emploi, c’est en premier lieu de posséder les compétences. Il faut aussi un filet de sécurité pour ceux qui font le choix de créer leur entreprise et il convient de faciliter la possibilité de changer de statut.
Cette approche globale du marché du travail a plus de chances de réussir que des réformes qui ont traité qu’une partie du problème et n’ont eu comme effet que de faire bouger un peu la file d’attente. Les intervenants des tables rondes ont souligné la nécessité de donner plus d’autonomie aux salariés. Franck Hertzberg, DRH de la nouvelle entité qui regroupe MGEN et Harmonie, a fait remarquer que la formation a souvent été déclenchée trop tard. Elle est donnée alors qu’elle devrait être demandée. Il a comparé le dispositif actuel à l’approche de l’assurance il y a quelques années, son objet était de réparer. La vraie gestion du risque, réside dans l’anticipation et la prévention. Pour la formation cela signifie qu’il faut responsabiliser les acteurs. Le choix ne portera pas alors sur simplement une adaptation au poste actuel, mais sur une logique de compétences et de motivation professionnelle. Une logique d’anticipation et de responsabilisation.
Estelle Sauvat, auteure avec Bertrand Martinot d’un rapport pour l’Institut Montaigne intitulé “Un capital emploi formation pour tous” a souligné que le meilleur moyen de responsabiliser est d’attribuer un capital formation géré par l’actif lui-même, avec une possibilité de co-financement. L’acheteur de formation, c’est l’actif (salarié ou non) qui choisit et évalue la qualité. C’est le marché de l’offre de formation qui s’adaptera à la demande et la qualité sera améliorée par le niveau d’exigence des utilisateurs.
La sécurisation des parcours professionnels est donc très liée à la formation. Il faudra attendre un peu pour connaitre les projets gouvernementaux.