Travailler au XXIème Siècle: l’uberisation de l’économie ?

C’est le titre du livre écrit par un juriste et un économiste, Jacques Barthélémy et Gilbert Cette, qui sort le 4 janvier 2017 aux Editions Odile Jacob (voir lien ci-dessous).

Les auteurs s’interrogent notamment sur la question de la fin du salariat.

Certains prédisent que le travail indépendant va s’accroitre de façon considérable, avec les nouvelles technologies et les plateformes qui recourent à cette main d’oeuvre. L’analyse statistique montre une tendance contraire dans de nombreux pays. “Dans de nombreux pays développés, la part des emplois non-salariés dans l’emploi total se contracte presque continument depuis longtemps. En France, elle augmente légèrement depuis 2008, ce qui correspond d’ailleurs à la création du statut d’auto- entrepreneur, pour demeurer inférieure à 12 %, très en-deçà des niveaux atteints avant l’année 2000. Cette part augmente de façon significative dans seulement deux pays développés : le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Mais dans tous les pays développés, un accroissement du travail non-salarié s’observe surtout dans des secteurs de conseil et d’assistance technique aux entreprises ou aux ménages, dans lesquels les travailleurs sont en moyenne très qualifiés et plus nettement diplômés que la moyenne des emplois de l’ensemble de l’économie. Nous sommes loin de l’uberisation croissante souvent décrite. L’émergence et le développement d’un nouveau travail indépendant induit par les TIC et l’économie numérique nous parait plutôt concerner des activités à forte valeur ajoutée et à main d’œuvre très qualifiée.”

Les auteurs se penchent aussi sur la question des nouveaux modes de travail

La question du contenu du travail est également importante. L’évolution de la part des services dans l’économie rend indispensable de faire évoluer un Code du Travail qui a été écrit pour régler et réguler le travail dans des usines. Le graphique en illustration de cet article montre l’importance croissante du secteur des services.

La récente obligation de négocier sur le droit à la déconnexion, introduite par la loi du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et de la sécurisation des parcours professionnels, est une excellente occasion de s’interroger sur les usages des nouveaux outils. L’article signé cette semaine dans les Echos par Mathieu Menegaux (DRH BCG France) sur “travailler moins pour travailler mieux” explique ce qui a été fait par le BCG pour mieux prendre en compte l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Jacques Barthélémy et Gilbert Cette indiquent que “la diffusion des TIC a pour effet de réduire les différences concrètes des modes de travail entre salariés et non-salariés. Via l’usage des TIC, de nombreux salariés très qualifiés bénéficient d’une autonomie qui n’a rien à envier à celle de nombreux indépendants également très qualifiés. Cet usage des TIC aboutit à flouter largement les frontières entre vie personnelle et vie professionnelle.” 

Faut-il avoir peur des robots ?

Une étude réalisée par le Lab’Ho d’Adecco est un exercice de prospective aussi très intéressant. “Le monde de l’emploi est appelé à profondément se transformer. On sait aujourd’hui que 60% des métiers qui seront exercés en 2030 n’existent pas encore. On sait aussi que la digitalisation et la robotisation modifient les besoins en compétence dans l’ensemble des secteurs d’activité. Cette transformation est en marche et inquiète dans un contexte marqué par le chômage. Une récente étude du cabinet de conseil Roland Berger indique que 42% des emplois, soit 3 millions, seraient menacés à horizon 2035 en France. L’OCDE, moins alarmiste, estime à 9 % les emplois qui présentent un risque élevé d’automatisation (plus de 70 % des tâches) et à 25% ceux considérablement modifiés par l’automatisation (plus de 50 % des tâches). Le tableau dépeint paraît sombre. Pourtant, robotisation et digitalisation peuvent être synonymes de meilleures conditions de travail (fin des tâches difficiles et répétitives) et de création d’emplois (9 % selon le cabinet Forrester), à condition d’anticiper les conséquences des mutations en cours sur les métiers pour se préparer et transformer la contrainte en opportunité.”

La robotisation va supprimer des emplois, mais des nouveaux métiers vont apparaitre. Compte tenu du temps nécessaire pour éduquer et former, il est temps de se préparer dès maintenant aux transformations à venir.

En conclusion, il faut investir dans l’éducation et la formation

Les transformations qui se produisent nécessitent de travailler sur l’employabilité et la mobilité. Les comités de direction devraient dans la préparation des plans stratégiques prendre en compte ces besoins pour allouer les ressources nécessaires. Cela contribuera à l’agilité de l’entreprise et à faire accepter le changement.

Travailler au XXI ème siècle” par Jacques Barthélémy et Gilbert Cette

Pour en savoir plus sur le Lab’Ho

Pour en savoir plus sur le livre blanc “digitalisation et robotisation: réinventer les métiers”

Travailler moins pour travailler mieux de Mathieu Menegaux

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *