Axelle LEMAIRE (Secrétaire d’Etat au Numérique et à l’Innovation) et Thierry MANDON (Secrétaire d’Etat à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche) ont donné vendredi dernier (le 20 janvier 2017) le coup d’envoi d’un plan baptisé « France IA ». L’objectif est de faire travailler ensemble chercheurs, start-up, grandes entreprises et pouvoirs publics “pour assurer le développement d’un domaine prometteur, mais encore peu organisé”. Ce matin (lundi 23 janvier 2017) le Medef accueillait avec le concours de l’AFIA (Association Française pour l’Intelligence Artificielle) des acteurs qui travaillent depuis plusieurs années dans des entreprises ou des structures de recherche, pour attirer l’attention sur les enjeux de cette innovation. Quels sont les bénéfices attendus de cette technologie et qui seront les bénéficiaires ?
Patrick Bastard, Directeur de l’Ingénierie des systèmes d’aide à la conduite chez Renault, indique qu’en 2015 une voiture comporte pour son fonctionnement 10% de software (informatique embarquée). Il est prévu qu’en 2020, ce pourcentage passe à 60%. Cette intelligence embarquée devient stratégique. Ce n’est pas un hasard si Google s’intéresse à l’automobile ! Cette entreprise développe actuellement 1000 projets avec des solutions utilisant l’intelligence artificielle.
La société Uber qui s’est dans un premier temps focalisée sur des technologies pour le choix du conducteur, le calcul de l’itinéraire et la détermination du prix, travaille actuellement sur la voiture autonome. L’intelligence artificielle permet d’automatiser et d’augmenter ainsi la capacité pour produire ou comprendre.
L’intelligence artificielle a permis d’utiliser des millions de données pour faciliter la prise de décision. C’est notamment le cas dans la conception d’avions et d’outils de navigation, comme l’indique Bruno Patin de Dassault Aviation. Le data mining repose sur cette capacité de traiter des données existantes. L’avenir sera pas seulement dans l’exploitation de ces données, mais aussi dans la production de données qui auront un intérêt.
Certains grands groupes, comme Veolia, développent en interne des solutions utilisant l’intelligence artificielle. Des PME se sont aussi construites et développées en proposant à des grandes entreprises des applications ou logiciels. C’est le cas de Bayesia qui réalise un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, dont 70% à l’international. Cette société a été créée à Laval en 2001 par Lionel Jouffe et Paul Munteanupuis. Lorsqu’ils étaient enseignants chercheurs à l’ESIEA, ils avaient lancé une activité de recherche sur les réseaux bayesiens, un outil mathématique d’analyse de données très puissant. Lors de ces recherches de nature académique, ils avaient reçu beaucoup d’intérêt de la part d’industriels, ce qui leur a donné l’idée de créer leur entreprise. La principale activité de Bayesia est d’éditer des logiciels basés sur la technologie des réseaux bayesiens, à destination des professionnels, de modélisation probabiliste et d’analyse de données pour l’aide à la décision. Les logiciels sont destinés aux grandes sociétés industrielles, aux services marketing des grandes sociétés commerciales et aux instituts de sondages et études marketing. Aujourd’hui, le plus gros client de Bayesia est le groupe américain Procter & Gamble avec lequel un partenariat stratégique au niveau mondial a été conclu. Tous les clients sont des grandes sociétés dont PSA, Airbus, Erdf, SNCF, Unilever, Safran, Société générale, Microsoft, L’Oréal. C’est une belle réussite de valorisation de la recherche et de création d’entreprise.
Quels sont les bénéfices attendus de l’IA ?
L’intelligence artificielle servira l’industrie pour se moderniser, être compétitive, produire de nouveaux services. Le cas de Michelin leader mondial du pneu qui investit fortement dans l’innovation est exemplaire. Elle servira tous les acteurs dans l’amélioration des services, l’adaptation aux nouveaux usages et la compréhension plus rapide des consommateurs. Par exemple il y a fort à parier que l’utilisation des données sur le trafic en magasin aidera les enseignes à améliorer leur offre et l’expérience client. Une étude montre une première mesure de la fréquentation des hypers, avec des résultats intéressants …
Il serait dommage que la France soit en retard sur ces évolutions et il est urgent de faire mieux coopérer les entreprises, la recherche et l’enseignement supérieur.
Les initiatives du Medef sur l’innovation en France, sont reprise sur le site: innover-en-france.com