Le Big Data au service de la santé et la sécurité

Chaque année l’OIT (Organisation Internationale du Travail) invite les différents pays membres à organiser des évènements de sensibilisation sur un thème particulier concernant la santé au travail. En 2015, le sujet était la culture de prévention, en 2016 la question du stress au travail (un défi collectif). Cette année pour le 28 avril 2017, le thème de la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail de 2017 porte sur la collecte et l’utilisation des données fiables. Par exemple, les pays sont invités à rendre compte sur l’indicateur suivant : «Fréquence des accidents du travail mortels et non mortels, par genre et statut de migrant ». Cela semble très simple de prime abord !

Quelles données collecter ?

L’INRS et l’ANDRH ont organisé cette semaine un débat avec des DRH et des préventeurs au collège des Bernardins à Paris. Tous les intervenants étaient d’accord sur l’importance de l’implication de la Direction Générale et sur la nécessite de se doter d’une véritable politique de prévention avant de savoir quelles données collecter. Néanmoins, le suivi régulier des indicateurs est essentiel pour piloter et évaluer. Il convient de définir des indicateurs qui peuvent être calculés dans tous les pays et qui sont constants pour permettre la comparaison. Jean Christophe Sciberras (Solvay) a témoigné sur le choix d’indicateurs communs dont beaucoup s’inspirent du Bilan Social en France, ce qui constitue ainsi un socle assez solide. Chez Solvay le suivi de la fréquence des accidents de travail devient insuffisant et pour continuer à améliorer la sécurité, il a été nécessaire de déclarer aussi les “presque accidents”. Le suivi et l’analyse de ces incidents est instructif car il permet de mieux comprendre comment éviter un accident et comment renforcer la prévention. Christophe Labattut (Carrefour) a expliqué comment une remontée régulière par un outil informatique permet de déceler rapidement les problèmes, d’apporter des solutions adaptées, d’avoir une mise à jour constante des analyses de postes et d’alimenter au fil de l’eau les documents réglementaires utilisés ensuite par les CHSCT. La gestion informatisée des données et la possibilité de croiser des informations permet de mieux cibler les actions de prévention (par rapport à des populations, des postes ou des situations). Ainsi Sylvie François (La Poste) a montré comment l’utilisation de croisement de données a permis d’identifier des améliorations possibles pour les facteurs.

Est-il possible d’évaluer l’impact des politiques de prévention ?

Une question a été posée sur la possibilité d’évaluer l’impact des politiques de prévention. Jean Marie Lambert (Véolia) a témoigné sur des acquisitions par Veolia de sociétés qui avaient des taux de fréquence d’accident supérieur à 100 quand la moyenne de Véolia se situe à 12. La mise en oeuvre d’un politique forte de prévention et quelques investissements ont permis de rejoindre la moyenne du groupe en quelques années. Ainsi l’utilisation des données permet de suivre l’effet des mesures et de justifier des investissements financiers.

Est-ce que le big data va alimenter les politiques de prévention ?

Les outils informatiques vont nous permettre de mieux collecter les données et de mieux comprendre. Peut-être dans quelques années le traitement de ces données associé à l’intelligence artificielle fournira des données prédictives (probabilité d’un accident). Ainsi nous chercherons à réduire les risques par des mesures anticipatrices. Il n’en reste pas moins que ces données n’ont un sens que lorsque elles sont analysées et mises en relation avec des situations de travail. Le dialogue social est également essentiel pour la responsabilisation des acteurs, créer des débats et challenger les directions d’entreprise.

La question de la charge mentale

Les risques évoluent, par exemple dans la chimie les opérateurs sont devant des écrans et donc la question devient plus celle de la charge mentale que celle de la manutention de produits dangereux. De même des récentes études montrent que la question de la reconnaissance au travail est centrale. Ce n’est pas une procédure, un casque ou des gants qui apporteront la solution. Il faut s’interroger aussi sur la place au travail et la qualité des relations humaines.

Les données sont le carburant, pour avancer dans la bonne direction

Les données sont importantes car elles permettent de suivre des plans d’action et sont utilisées dans le dialogue social. Cela semble une évidence, mais la mise en application est souvent plus complexe. Il est nécessaire d’accompagner avec des formations. c’est ce qui a été fait par exemple par Carrefour qui a formé avec le concours de la CRAMIF tous les préventeurs. Ceux-ci sont après la formation capables d’interpréter les données et d’être des relais pour la remontée d’informations. Il faut aussi une volonté forte des DRH et des Directions Générales pour associer le plus grand nombre de salariés aux actions de prévention. La sécurité, c’est l’affaire de tous !

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Safeday 2017; toutes les informations sur le site de l’OIT

Le site de l’INRS

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